JEAN-BAPTISTE CARPEAUX

(Valenciennes, 1827-1875, Courbevoie)

JEAN-BAPTISTE CARPEAUX

(Valenciennes, 1827-1875, Courbevoie)

Carpeaux, Sculpter la vigueur et la grâce.

Jean-Baptiste Carpeaux fut l’un des sculpteurs les plus influents et novateurs du XIXᵉ siècle. Né à Valenciennes en 1827, ville au riche héritage artistique, il manifesta très tôt un talent prometteur pour les arts plastiques. Après une formation initiale à l’École des Beaux-Arts de Valenciennes, il s’installa à Paris en 1844 pour intégrer l’École des Beaux-Arts. Élève de François Rude, il s’éloigna rapidement des conventions académiques pour élaborer un style sculptural dynamique, marqué par le mouvement, le réalisme et l’expressivité.

En 1854, Carpeaux remporta le prestigieux Prix de Rome, qui lui permit de séjourner à la Villa Médicis jusqu’en 1861. Son passage en Italie fut déterminant : inspiré par les maîtres de la Renaissance tels que Michel-Ange et Donatello, il développa des compositions dramatiques, pleines de tension et de vitalité. Contrairement aux sculpteurs classiques, il privilégiait une énergie vivante et une profondeur psychologique qui séduisirent critiques et mécènes.

Parmi ses œuvres les plus puissantes, Ugolin (1862) illustre avec intensité le désespoir du personnage de Dante, enfermé avec ses enfants. Exposée au Salon de 1863 puis au Musée d’Orsay, cette sculpture tragique témoigne du génie dramatique de Carpeaux et de sa capacité à traduire la douleur humaine avec force et finesse.

Très vite, il s’imposa comme sculpteur officiel de la cour impériale de Napoléon III. Parmi ses œuvres les plus célèbres figure La Danse (1868), créée pour la façade de l’Opéra Garnier à Paris. Cette sculpture exubérante et sensuelle fit scandale, consacrant toutefois Carpeaux comme maître de la modernité.

Outre ses commandes monumentales, il réalisa des œuvres plus intimes et des fragments sculpturaux. Les contraintes financières lors de la création de La Danse le poussèrent à éditer séparément certains éléments, rendant ainsi son art accessible aux collectionneurs.

Jean-Baptiste Carpeaux mourut prématurément en 1875, à l’âge de 48 ans. Malgré une carrière brève, il laissa un héritage considérable, renouvelant la sculpture du XIXᵉ siècle par une synthèse puissante entre héritage classique et expressivité moderne.

Littérature :

  • DRAPER, JD. et PAPET, E. The Passions of Jean-Baptiste Carpeaux. The Metropolitan Museum of Art, New York, distribué par Yale University Press, New Haven et Londres : 2014.

  • MICHEL, P. et RICHARME, A. Jean-Baptiste Carpeaux, sculpteur / Catalogue raisonné de l’oeuvre édité. Expressions Contemporaines Éditions – Les Éditions de l’Amateur.

  • BENEZIT, E. Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs. Paris: Librairie Gründ, 1961. Vol.3. p. 268-270.