ULYSSE & SON CHIEN

JOSEPH GOTT (1785-1860)
Britannique

Date : ca. 1825

Dimensions : 185,5 x 115 x 97 cm

Matière : Marbre blanc de Carrare

Signature : « J. GOTT. FT »

Titrée : « ULYSSES AND HIS DOG »

Provenance : Collection privée de la famille Rawson, Nidd Hall Manor, Angleterre.

Contexte et histoire de l’oeuvre

Cette sculpture profondément émouvante saisit l’un des moments les plus poignants de l’Odyssée d’Homère : le retour d’Ulysse à Ithaque. Là, son fidèle chien Argos – désormais vieux et affaibli – est le premier à le reconnaître, malgré son déguisement. Sculptée avec une remarquable délicatesse dans le marbre blanc de Carrare, la composition fige cet instant de reconnaissance silencieuse, incarnant un geste de loyauté absolue et d’affection intacte.

Joseph Gott représente Ulysse en voyageur épuisé, le regard tendrement tourné vers Argos. Le chien, avec une touchante douceur, lève une patte et pose son museau contre la jambe de son maître. Le rendu détaillé du pelage, la tension subtile du geste et l’expression grave d’Ulysse témoignent d’une virtuosité discrète.

L’œuvre mêle avec finesse la rigueur néoclassique à une sensibilité romantique contenue, explorant les thèmes de la fidélité, du souvenir et de l’émotion silencieuse des retrouvailles. La surface polie du marbre accentue le contraste entre la stature stoïque d’Ulysse et la silhouette affaissée du chien, symbolisant à la fois le passage du temps et la constance de l’attachement.

Au-delà de son intensité émotionnelle, la sculpture incarne l’élégance de la statuaire britannique du début du XIXe siècle. Profondément influencé par le Néoclassicisme et le Romantisme, Gott conjugue précision anatomique et récit universel, à la fois intime et intemporel.

Ce dialogue muet entre l’homme et l’animal invite à la contemplation – non seulement de la réunion, mais de la reconnaissance, de la perte et de l’amour persistant. Par son immobilité et sa retenue, cette œuvre devient une méditation intemporelle sur la fidélité et la mémoire humaine.

Littérature :

  • London Metropolitan Archive: Keats House Papers, Severn’s correspondence with his parents and siblings, in S. Brown, Joseph Severn, A Life: The Rewards of Friendship, Oxford, 2009, p.147

  • T.F. FRIEDMAN, ‘Aspects of Nineteenth Century Sculpture in Leeds. I. The Northern Society Exhibitions’, Leeds Arts Calendar, no. 69, 1971, pp. 22–28

  • T.F. FRIEDMAN, ‘Aspects of Nineteeth Century Sculpture in Leeds. II. Patronage of the Benjamin Gott Family’, Leeds Arts Calendar, no. 70, 1972, pp. 18–25

  • T. FRIEDMAN and T. STEVENS, Joseph Gott, 1786-1860, Sculptor, exh. cat., Leeds and Liverpool, 1972

  • H. HONOUR, ‘Sir Thomas Lawrence and Benjamin Gott’, Leeds Arts Calendar, vol. 7, no. 25, Spring 1954, pp. 13–24 V.M.E. Lovell, ‘Benjamin Gott of Armley House, Leeds,1762-1840; Patron of the Arts’, Miscellany, vol 18, part 2 A.Wells-Cole, ‘John Flaxman and Benjamin Gott of Armley House, Leeds’, Leeds Arts Calendar, no. 63, 1968, pp. 21–24

  • Canova Archives, Museo Civico, Bassano. Letter from Sir Thomas Lawrence V.550 /3601

  • Transactions of the Society Instituted at London for the Encouragement of the Arts, Manufactures and Commerce London: 1783-1851, RSA, PR.GE/112/13/11-67, vol 26,1808, 18

  • The Athenaeum, 28 January 1860, p.139, in T. Friedman and T. Stevens, Joseph Gott, 1786-1860, Sculptor, exh. cat. (Leeds and Liverpool: 1972), p. 56

  • Lawrence Papers, Royal Academy of Arts, ‘Thomas Unwins to Sir Thomas Lawrence’, LAW/4/341, p.103