LUCIENNE-ANTOINETTE

HEUVELMANS

(Paris, 1881-1944, Saint-Cast-le-Guildo)

LUCIENNE-ANTOINETTE

HEUVELMANS

(Paris, 1881-1944, Saint-Cast-le-Guildo)

Une pionnière de la sculpture au féminin.

Lucienne Antoinette Heuvelmans fut une sculptrice française pionnière, reconnue tant pour son talent remarquable que pour avoir franchi les barrières de genre dans le monde artistique du début du XXᵉ siècle. Fille d’Osval Heuvelmans, dessinateur et ébéniste belge, elle reçut ses premières formations artistiques dans l’atelier familial du faubourg Saint-Antoine, avant d’étudier auprès de Denys Puech à l’Académie Julian à Paris.

En 1902, elle est admise à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts, tout juste ouverte aux femmes. Elle y poursuit son apprentissage auprès des sculpteurs Laurent Marqueste et Emmanuel Hannaux. Après six tentatives déterminées, elle entre dans l’histoire en 1911 en devenant la première femme à remporter le Grand Prix de Rome en sculpture avec Electre veillant sur le sommeil d’Oreste– une victoire retentissante saluée par la presse comme un triomphe éclatant du féminisme.

De 1912 à 1914, elle réside à la Villa Médicis à Rome, sous la direction d’Albert Besnard. Durant ce séjour, elle réalise sa première grande œuvre en marbre, Le Cercle militaire, et sculpte le buste de la compositrice Lili Boulanger, lauréate du Prix de Rome de musique.

À son retour en France, Heuvelmans est nommée professeure de dessin et installe son atelier à l’Hôtel de Rohan-Guéméné. Elle expose régulièrement au Salon des Artistes Français, où elle reçoit une médaille de bronze en 1921, ainsi qu’au Salon des Artistes Décorateurs au Grand Palais. En 1926, elle est nommée Chevalier de la Légion d’Honneur par le ministère des Beaux-Arts – un honneur rare pour une artiste de son époque.

Plus tard, elle se consacre à la sculpture religieuse, participant notamment à l’ornementation de l’église Notre-Dame d’Espérance à Paris. Si son activité publique cesse durant la Seconde Guerre mondiale, son héritage artistique perdure. Elle s’éteint en 1944, léguant généreusement son atelier et ses œuvres à l’église qu’elle avait servie avec tant de dévouement.

Littérature :

  • RIVIÈRE, A. (dir.), Sculpture’elles : les sculpteurs femmes du XVIIIe siècle à nos jours, catalogue d’exposition, Boulogne-Billancourt, Musée des Années Trente, 12 mai-2 octobre 2011, Paris, Somogy, 2011
  • BELGHERBI, E. Avant l’exposition : la formation des sculptrices à Paris à la fin du XIXe siècle, session de posters, colloque WAS – Women Artists Shows·Salons·Societies : expositions collectives de femmes artistes 1876-1976, Musée du Jeu de Paume, Paris, 8-9 décembre 2017 [non-publié]
  • BENEZIT, E. Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs. Paris: Librairie Gründ, 1961. Vol.7. p. 22.