La Gloire militaire (1893) de Julien Dillens est une sculpture en bronze rare, voire unique, créée sur commande pour la Commission permanente du Tir national. Commandée par le gouvernement belge, elle fut remise en tant que prix d’honneur lors du Grand concours de tir à la cible, dans la section des armes de guerre. L’inscription gravée sur la base — « CHAMPIONNAT AUX / ARMES DE GUERRE / BRUXELLES – 1893 » — atteste de ce contexte officiel.
La sculpture représente une allégorie féminine saisissante de la guerre, un thème profondément ancré dans l’iconographie du XIXe siècle. Reprenant le casque déjà présent dans la Minerve que Dillens avait sculptée plus tôt, la figure évoque la déesse antique de la guerre. Elle tient un fusil appuyé sur son épaule avec assurance, tandis que de l’autre main, elle désigne une cible ronde — son index tendu vers le centre, figé dans un geste précis.
Ce mouvement transforme la figure en une personnification de la victoire et de la précision, offrant une vision héroïque et patriotique de la force féminine. Selon un article repris dans la rubrique « Faits divers » de La Meuse le 07/08/1893, Dillens imaginait initialement « une femme tenant un fusil dans une main et une palme dans l’autre ». Si la palme fut remplacée par une cible, l’intention allégorique demeure intacte.
L’œuvre ne semble pas avoir été reproduite. Son absence dans la littérature artistique contemporaine suggère qu’elle est restée une pièce unique. Elle partage toutefois une parenté stylistique et iconographique avec d’autres sculptures importantes de Dillens à la même époque, notamment Pallas ou Minerve et Allegretto, présentée à l’Exposition universelle d’Anvers en 1894.
La Gloire militaire incarne une fusion singulière entre symbolisme national, maîtrise technique et élégance expressive, signature du style de Julien Dillens.