CHARLES RAPHAËL PEYRE
(Paris, 1872-1949)
CHARLES RAPHAËL PEYRE
(Paris, 1872-1949)
Sculpteur de l’allégorie et du sensible
Élève de Falguière, Mercié et Théophile Barrau, Charles Raphaël Peyre s’inscrit dans la lignée des sculpteurs français qui conjuguent la rigueur académique à une sensibilité poétique. Né à Paris en 1872, il débute au Salon des Artistes Français en 1893, où il reçoit une mention honorable dès l’année suivante. Son talent est rapidement salué par une médaille de troisième classe en 1902, une médaille de deuxième classe et une bourse de voyage en 1903. Il devient sociétaire du Salon en 1900.
L’œuvre de Peyre témoigne d’une harmonie rare entre la précision classique et l’expressivité intime. Ancrées dans les traditions allégoriques de la fin du XIXe siècle, ses sculptures explorent la féminité idéalisée, le rêve mythologique ou l’innocence enfantine. Parmi ses œuvres les plus emblématiques figurent Lys (1901), Douleur (1905), Offrande à Vénus (1906) ou Vendangeur (1913). Il travaille le bronze doré ou patiné, le marbre, l’albâtre, l’ivoire ou encore le plâtre, souvent dans des formats de salon.
À partir des années 1910, son langage formel évolue : les lignes s’épurent, les volumes se stylisent. Certaines œuvres tardives témoignent d’une sensibilité nouvelle, proche de l’esthétique émergente de l’Art Déco : silhouettes allongées, coiffures géométriques, textures stylisées… Peyre s’inscrit ainsi au croisement du lyrisme symboliste et de la modernité décorative.
Son esthétique — faite de drapés gracieux, de gestes symboliques et de proportions équilibrées — le place entre le Symbolisme français, l’Art nouveau naissant et le raffinement formel de l’Art Déco. Un médaillon représentant Napoléon III, conservé au château de Compiègne, atteste de sa reconnaissance institutionnelle.
Aujourd’hui, son œuvre mérite d’être redécouverte pour son élégance lyrique, sa maîtrise technique et la délicatesse de ses évocations.
Littérature :
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BENEZIT, E. Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs. Paris: Librairie Gründ, 1961. Vol.6. p.635.
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KJELLBERG, P. Les Bronzes du XIXe Siècle, Dictionnaire des sculpteurs. Paris : Les éditions de l’amateur, 1989. p. 541.