Antonio et Marcel Amorgasti, un héritage sculptural distinctif à Anvers.

Antonio Amorgasti était un sculpteur d’origine italienne installé à Anvers au tournant du XXᵉ siècle. Formé à l’Académie de Berchem, il s’imposa rapidement comme mouleur et sculpteur talentueux, travaillant dans les ateliers renommés de Josuë Dupon et Edward Deckers. Il se spécialisa dans la réalisation d’œuvres ornementales de grande qualité et de portraits en médaillon, dont plusieurs sont encore visibles aujourd’hui dans des villes comme Averbode, Veerle ou Geel.

Son travail reflétait l’esprit artistique de l’époque, représentant des figures ouvrières — forgerons, métallurgistes — ainsi que des animaux, sauvages ou domestiques, souvent observés au Zoo d’Anvers. Réalisées principalement en plâtre et en bronze, ses œuvres se distinguent par un modelé expressif et une énergie vivace. Il reçut régulièrement des commandes pour des projets décoratifs publics et privés.

Son fils Marcel, né à Borgerhout en 1908, hérita de cette vocation. Ancien lieutenant, fervent chanteur baryton et médaillé de guerre, il devint lui-même un sculpteur accompli, formé par son père puis à l’Institut supérieur des beaux-arts d’Anvers. Il travailla notamment pour la Maison Rubens, en tant que sculpteur ornemaniste, et réalisa également des statues pour le Zoo d’Anvers ainsi que de nombreux portraits et commandes religieuses. Sa carrière fut marquée par une fidélité aux traditions naturalistes et une sensibilité aiguisée à l’expressivité animale et humaine.

Ayant débuté aux côtés de son père, Marcel affirma peu à peu un style plus personnel et raffiné. Son travail fut reconnu lors de grandes expositions internationales, dont l’Exposition universelle de Bruxelles (1958) et celle de New York (1962).

La famille Amorgasti est indissociable d’Anvers. Le frère d’Antonio, August Amorgasti (v.1870–1964), également sculpteur, travailla régulièrement avec Dupon et réalisa des compositions animalières dynamiques dans la même tradition naturaliste. À eux trois, Antonio, Marcel et August incarnent une lignée sculpturale marquée par la maîtrise technique, la force expressive et une profonde sensibilité au monde animal.

Littérature :

• PANZETTA, A. Nuovo Dizionario degli Scultori Italiani dell’Ottocento e del primo Novecento, 3e éd. Vol.1. Umberto Allemandi & C., Italie, 2003. p.28
• ENGELEN, C. MARX, M. La Sculpture en Belgique à partir de 1830,Tome I. Engelen – Marx, Louvain, 2006. p. 44-57