DIANE
HENRI GODET (1863-1937)
Français
Date : Fin XIXe siècle
Dimensions : 88 cm (Hauteur)
Matière : Marbre blanc de Carrare
Signature : « HENRI GODET »
Provenance : Collection privée française
Contexte et histoire de l’oeuvre
Cette représentation de Diane s’inscrit dans la tradition des figures mythologiques idéalisées, tout en portant l’empreinte stylistique singulière d’Henri Godet. Élève de Mathurin Moreau et exposant régulier des Salons parisiens, Godet s’est surtout illustré par ses bustes et ses sculptures en bronze ; cette œuvre, taillée dans le marbre blanc de Carrare, constitue donc un exemple rare et remarquable de son engagement envers le matériau le plus noble de la sculpture.
La déesse se tient dans une pose élégante de contrapposto, animée par une subtile torsion du torse et une inclinaison ferme et assurée de la tête. Les draperies délicatement disposées soulignent les contours du corps tout en préservant la pudeur du sujet. Par un tour de force technique, le voile sculpté donne au marbre l’illusion d’un tissu fluide, contrastant avec la douceur polie de la chair et la solidité du socle rocheux.
Le choix de Diane comme sujet renvoie à un archétype féminin ambivalent : chasseresse et vierge, gardienne des forêts et maîtresse de la lune. Contrairement aux représentations martiales ou dramatiques fréquentes au XIXᵉ siècle, Godet propose ici une vision sereine et souveraine de la déesse. Son visage empreint de calme, son regard lointain et sa posture digne traduisent une majesté silencieuse, fidèle à la retenue classique. Il ne s’agit ni d’une Diane triomphante ni d’une Diane mélancolique, mais d’une figure de force intérieure — sereine, distante et maîtrisée.
C’est précisément cette interprétation renouvelée du thème qui confère à l’œuvre son caractère unique. Godet y associe subtilement l’héritage académique à une sensibilité décorative qui lui est propre. Exécuté avec une précision irréprochable, le marbre met en lumière la maîtrise du sculpteur, tant dans le modelé anatomique que dans le jeu des textures.
Enfin, la rareté de telles œuvres en marbre dans l’ensemble de la production connue de l’artiste confère à cette pièce un statut d’exception. Par son équilibre formel, la pureté de sa sculpture et la noblesse de son inspiration, cette Diane s’impose comme l’une des réalisations les plus accomplies du répertoire symbolique et mythologique de la sculpture française fin-de-siècle.